Comment avez-vous vécu votre collaboration?
Alain Richard : J’avais la chance de connaître déjà Pandora. On avait un bon lien et je savais que j’avais beaucoup à apprendre d’elle. Dès le début du projet, je me sentais privilégié de pouvoir collaborer avec une artiste aussi inspirante. L’expérience a été positive pour moi et fabuleuse pour les élèves. Pouvoir prendre part au processus créatif d’une artiste comme Pandora, avec un tel bagage, c’est ce qui donne tout son sens au projet. Par exemple, j’ai pu observer comment elle prend une idée et la transforme en notes et en paroles pour en faire de la musique, c’est une leçon palpable et vivante. Ce n’est pas un apprentissage que j’aurais pu faire simplement en faisant une recherche sur Internet ou dans les livres.
Pandora Topp : Le cadeau du projet, c’était d’avoir un partenariat avec une telle profondeur. C’était une belle occasion de bâtir le rapport, de s’entraider et de s’appuyer. Alain et moi avions déjà travaillé pendant plusieurs années ensemble. Mais ce projet-là était une opportunité d’approfondir notre relation et de bâtir quelque chose de solide entre nous deux, de rire ensemble, pas juste comme artiste et enseignant, mais aussi en tant qu’individus. Chacun de nous y a mis du sien. C’est ça la vraie collaboration, quand on a le temps d’explorer, de jaser et que les deux apportent quelque chose d’unique.
Quels aspects pédagogiques avez-vous choisi de cibler?
Alain Richard : On a choisi un sujet qui était propre à Sudbury : les terres que l’Université Laurentienne souhaitait possiblement vendre. Ça allait bien avec un thème qu’on abordait en sciences, l’économie des ressources. Ce genre d’enjeu peut certainement être porté par un projet artistique et donner un sens à l’apprentissage.
Pandora Topp : Trop souvent, la compréhension manque dans le processus d’apprentissage. On maîtrise les compétences de lecture, d’écriture et d’expression orale, mais la réelle compréhension d’un livre nous échappe. Dans les domaines des mathématiques et des sciences, trop souvent on reçoit des pages, on exécute les exercices et c’est tout. Le contexte manque. On perd l’humanité. Les arts, c’est tactile, c’est tangible, le corps est à l’œuvre. Ça ramène à l’humanité, au concret.
Quel(s) impact(s) votre projet a-t-il eu sur les élèves?
Alain Richard : J’ai vu que le processus pour les élèves est aussi important sinon plus que le produit final. De voir que l’élève a fait un cheminement, qu’il a avancé un peu dans ses connaissances, peu importe où il est rendu à la fin, c’est ça qui est fabuleux. C’est quelque chose que je vois encore plus dans les autres matières depuis que j’ai fait le projet. Devant l’incertitude, comme en danse ou en musique, les élèves ont pris des risques et se sont prêtés au jeu. C’est correct d’échouer. C’est une chance d’apprendre quelque chose de nouveau. C’est aussi important que d’avoir du succès et de réussir la première fois.
Pandora Topp : Des élèves en cinquième et sixième année qui chantent ensemble, on pourrait penser que c’est impossible, mais oui, ça se fait. Des petits de première année qui font une chorégraphie, ça se fait également. Ça prend du temps, ça prend eux ! Ça prend la capacité d’aller les chercher. C’est à nous d’être capables de faire ce geste, de les motiver. Je suis toujours émerveillée de constater qu’au début, il y a une résistance parfois chez la moitié de la classe. Puis, peu à peu, avec la puissance du groupe, soudainement, chanter ensemble, ça devient cool.
Choisiriez-vous de refaire l’expérience?
Alain Richard : Pour la plupart des enseignants généralistes, l’art n’est pas nécessairement le domaine où on se sent le plus à l’aise. Avoir quelqu’un qui partage son bagage d’expérience et de connaissances, c’est tellement souhaitable. Ça crée de l’intérêt. Les autres enseignants avaient envie de jumeler les classes pour profiter eux aussi du projet. Si j’avais la chance d’y participer encore, je le ferais sans hésiter!