Janie Renée Myner, une artiste qui cumule trente ans d’expérience en animation d’ateliers artistiques en milieu scolaire, et Wulliam Njuinang, un jeune enseignant de troisième année à l’école Montfort d’Ottawa, s’émerveillent encore des fruits de leur collaboration dans le cadre du programme de conception d’activités pédagogiques artistiques (CAPA) de La ruchée.
En quoi consiste le projet que vous avez mis en place?
Wulliam Njuinang : J’avais choisi de travailler le français, plus précisément le récit narratif. Les élèves devaient créer leur propre histoire avec une séquence logique. Par la suite, ce récit était animé avec des marionnettes. C’est à ce niveau que Janie est intervenue. Quand on m’a proposé ce jumelage avec une artiste, je voulais explorer si une telle approche pouvait stimuler les élèves, surtout les élèves à besoins particuliers. De plus, comme la clientèle de l’école Montfort est composée à 70 % de communautés issues de l’immigration, dont de nouveaux arrivants, il y a certains défis d’intégration.
Janie Renée Myner : Pour inspirer les élèves, on avait ciblé des images qui suggèrent des histoires relativement faciles, par exemple la souris verte qui a perdu une dent ou un ver qui se fait une maison dans une pomme. J’avais aussi trouvé des comptines ou des chansons qui pouvaient alimenter le récit au besoin.
Selon vous, quels sont les facteurs du succès de votre collaboration?
Janie Renée Myner : Dès notre première rencontre, Wulliam était prêt : il avait cerné les défis dans le programme de troisième année. Pour préparer le projet, il avait présenté les étapes du récit à ses élèves et formé des groupes au sein de la classe. Il y avait un groupe en particulier dans lequel les élèves avaient de plus grands besoins. Ils étaient d’ailleurs encadrés par des plans d’intervention. D’emblée, j’ai entrepris de passer plus de temps avec ces élèves. Je regarde mes ateliers comme un partenariat avec l’enseignant. Je souhaite m’inscrire le plus possible dans le cursus scolaire et trouver une façon d’appuyer l’enseignement. J’ai une personnalité énergique, alors que Wulliam est plutôt calme et posé. Nous étions très complémentaires, ce qui a contribué à un partenariat gagnant. Pendant le projet, j’ai aussi pu mettre à profit ma formation d’ergothérapeute. En observant les élèves, j’avais une meilleure idée de leurs besoins et des actions qu’on pouvait faire pour les aider.
Wulliam Njuinang : J’ai beaucoup apprécié la collaboration. Après son départ, les élèves m’ont très souvent demandé des nouvelles de Janie. Ils aimeraient revivre une telle activité.
Quelles ont été les retombées positives chez les élèves?
Wulliam Njuinang : Ce jumelage a permis de déceler certains talents chez les élèves. Plus tard, pendant la rencontre de parents, j’ai abordé les forces décelées chez chaque enfant et j’ai suggéré d’explorer ces facettes de leur personnalité. J’aimerais qu’on puisse intégrer de façon permanente ce type de projet au sein de l’école. Pour les élèves présentant des défis, il leur est parfois difficile de se concentrer pendant plus de dix minutes en classe. Nous avons noté que pendant l’activité, leur attention était plus soutenue et nous avons aussi constaté des progrès tangibles dans leur apprentissage. Je pouvais lire dans leurs yeux qu’ils étaient fiers de ce qu’ils avaient réalisé au terme de ce projet.
Janie Renée Myner : Les élèves de la classe de Monsieur Wulliam étaient très investis dans l’activité! Certains élèves ont construit des marionnettes à la maison de façon spontanée, sans qu’on le leur demande. J’ai trouvé extraordinaire que les enfants s’impliquent à ce point.
French